Des Français se retrouvent dépaysés au Québec
29 January 2029

Kristi Blokhin / Shutterstock.com
Les Français découvrent qu'au Canada le hockey est plus populaire que le foot, la bière que le vin et le « pot » que les « clopes ». On s'y tutoie spontanément. Et le féminisme y est pris très au sérieux, jusque dans les mots tendres. Ils notent les curiosités de l'accent et du langage, notamment les nombreux anglicismes qui donnent des cauchemars aux puristes. Enfin, ils restent froids devant des particularités gastronomiques telles que la « poutine » – frites au fromage baignant dans une sauce brune : une spécialité québécoise.
Quant aux Québécois, ils sont tour à tour amusés et agacés par les « Français de France », qu'ils trouvent snobs, prétentieux, enclins à se plaindre, et qu'ils accusent de faire monter les loyers. Le quartier du Plateau-Mont-Royal, saturé de résidents français, de boulangeries françaises et d'accents parisiens a été rebaptisé sarcastiquement « la Nouvelle-France » par les Montréalais. Depuis les années soixante, les Québécois se définissent beaucoup plus en fonction de l'Amérique du Nord, et non plus de la France.
Une nouvelle génération de Français vient à Montréal attirée par le faible taux de chômage, qui ne dépasse pas 5,5 % pour la province du Québec, contre plus de 9 % en France. On en compte de cent à cent cinquante mille rien qu'à Montréal et ils constituent le plus important contingent d'immigrants pour la province, après les Chinois.
En visite officielle en France le mois dernier, le premier ministre du Québec a déclaré que, même s'il avait l'intention de réduire l'immigration au Québec, les Français continueraient d'être les bienvenus: « Il y a beaucoup trop d’immigrants qui ne sont pas qualifiés ou qui ne parlent pas français, » a-t-il expliqué.
Mais une fois surmonté le choc culturel, ce que les Français trouvent à Montréal, ce sont les attraits d'une société beaucoup moins rigide que la France et sa culture hiérarchique.
Adeline, une Parisienne de 29 ans, raconte qu'après avoir obtenu son master en France, elle n'a rien pu trouver de mieux qu'un emploi dans une boutique de chaussures. À Montréal en revanche, il ne lui a fallu que quelques semaines pour décrocher un poste haut placé en marketing. « Ici, je peux trouver un bon boulot, devenir propriétaire, être proche de la nature et avoir une bonne qualité de vie… et tout ça en français », explique-t-elle, et de conclure : « J’en veux à la France de m’avoir laissée tomber. »